Scientifique et navigateur, Jean-Pierre Bonnefoy est aussi un romancier à l’imagination fertile. Mais le sujet de sa trilogie romanesque, Polynesia, peut amener le lecteur à réfléchir sur des sujets de fond. La place de l’Homme dans l’univers, le rôle de l’information dans ses représentations de l’univers et dans la communication entre les humains de civilisations différentes… par delà le temps et l’espace.
L’auteur lève une partie du voile sur les tomes 2 et 3 de sa trilogie Polynesia, qui viennent de paraître récemment. Entretien avec Jean-Pierre Bonnefoy.
Tahitipresse : Dans Polynesia, il y a une notion de transmission de l’information qui est sous-jacente et importante à saisir…
Jean-Pierre Bonnefoy : Je ne sais pas si on peut l’expliquer en tant que telle… Je vais peut-être faire une analogie. Par exemple, les anciens Polynésiens, dit-on, savaient faire des cartes des courants entre les îles. L’homme moderne parlerait de diffraction d’ondes… Avec des brindilles et des coquillages, ils étaient capables de représenter des trains de houle et la manière dont ceux-ci interagissaient entre les îles, ce qui leur permettait de savoir où était l’île vers laquelle ils se dirigeaient. Voilà bien une notion d’information qui nous a totalement échappé parce que – que je sache – le monde occidental qui croit toujours tout savoir n’a jamais utilisé ce type de connaissances, à la différence des anciens Polynésiens…
Tahitipresse : Cela est notamment développé dans les tomes 2 et 3 de la trilogie…où l’on retrouve un clan de navigateurs polynésiens, il y a 2000 ans, au moment de leur découverte de ce que l’on appelle aujourd’hui la Polynésie…
Jean-Pierre Bonnefoy : Oui, dans « L’invasion des formes » et « Le pouvoir des signes », mais bien évidemment de manière romanesque, le lecteur découvrira que les anciens Polynésiens, à travers les formes des tatouages – ou les signes généraux fondateurs, par exemple de la culture marquisienne, ou encore les rongo rongo de l’Île de Pâques – étaient dépositaires d’une connaissance aujourd’hui oubliée… ou plutôt que nous n’avons jamais comprise. C’est l’un des moteurs de l’aventure décrite dans les tomes 2 et 3 de Polynesia. Si ce n’est qu’il y a aussi des actions extrêmement dynamiques, avec des terroristes qui – justement dans le cadre de ce type d’informations – cherchent à obtenir une clé USB qui a été perdue sur l’île de Moruroa.
Tahitipresse : Cette clé sera retrouvée de manière très étrange par les deux principaux protagonistes de la partie du scénario qui se déroule de nos jours, dans un petit cylindre étanche, sur le Pacifique…
Jean-Pierre Bonnefoy : Cette découverte va produire une cascade d’événements absolument inimaginables puisque l’avenir même de l’Humanité sera en cause, en raison de cette information sur les signes, contenue dans cette clé USB.
Tahitipresse : A propos d’avenir de l’Humanité, le livre entraine le lecteur jusqu’au 51e siècle. Qu’est-ce qui se passe dans ce futur ?
Jean-Pierre Bonnefoy : J’ai voulu mettre les humains de ce futur dans une situation de stabilité. C’est une civilisation qui existe depuis 2000 ans… Ils sont partis vers l’an 3000 de la Terre… Et donc, depuis, ils sont dans une situation qui perdure. Ils ont eu le temps de créer des mythes. Par exemple, que la Terre est devenue elle-même un mythe… Et en même temps, ils sont à la recherche de nouveaux concepts. Le lecteur standard, ne le verra sans doute pas d’emblée. Dans un premier temps, il sera plus sensible, sans doute, à une action qui se déroule d’ailleurs simultanément sur trois périodes de temps, passé, présent, futur. Mais sous-jacente entre les lignes, on verra qu’il y a apparition de nouveaux concepts qui vont au-delà de l’information. C’est justement ce que vont découvrir les Hommes du 51e siècle à la fin du tome 3…
– (Ndlr) Quelques-unes des notions abordées de manière romanesque dans les livres sont développées de manière plus théorique sur le site Internet www.polynesia-trilogie.com, qui passionnera les amateurs.