Face à une croissance modérée du tourisme et une explosion du secteur de la croisière, la Polynésie française repense sa stratégie pour la plongée sous-marine. Entre afflux de visiteurs et nécessité de préserver des écosystèmes uniques, les acteurs locaux innovent pour un tourisme plus durable. Plongée au cœur des défis et des solutions dans les eaux cristallines du Pacifique Sud.
Alors que la Polynésie française a accueilli 241 570 touristes en 2024, soit une hausse de 1,2% par rapport à l’année précédente, le secteur de la plongée sous-marine fait face à de nouveaux défis. L’augmentation spectaculaire de 27,8% de la croisière et du charter nautique soulève des questions sur l’impact environnemental de cette activité en plein essor.
« Nous observons une évolution du profil de nos visiteurs », explique Maui Teissier, instructeur de plongée renommé à Tahiti. « Avec la croissance du secteur de la croisière, nous devons adapter nos pratiques pour minimiser l’impact sur nos écosystèmes marins fragiles. »
Contexte touristique en évolution
Les prévisions pour le tourisme à Tahiti en 2025 s’annoncent particulièrement prometteuses. Après une année 2024 record avec 263 500 visiteurs, une croissance de 10,2% des arrivées touristiques est attendue entre février et juillet 2025. Ces chiffres soulignent l’importance croissante du secteur de la plongée dans l’offre touristique globale de la Polynésie française. Pour une analyse détaillée de ces prévisions, nos lecteurs peuvent consulter notre article « Prévisions optimistes pour le tourisme à Tahiti en 2025 : une croissance qui fait rêver« .
Une enquête menée par Tahiti Presse auprès de 50 professionnels de la plongée révèle que 65% d’entre eux considèrent la gestion durable des sites de plongée comme une priorité, malgré une pression touristique modérée. Face à ce constat, autorités locales et acteurs du tourisme collaborent pour développer des stratégies alliant croissance économique et préservation de l’environnement.
De Bora Bora à Fakarava, en passant par Moorea et Rangiroa, notre journaliste a exploré les initiatives mises en place pour promouvoir une plongée responsable dans ce paradis sous-marin unique au monde.
Les sites emblématiques face à l’évolution du tourisme
Tahiti : La Vallée Blanche, entre affluence et préservation
À Tahiti, la Vallée Blanche reste un site phare pour les plongeurs du monde entier. Cependant, l’augmentation du tourisme de croisière a des répercussions inattendues.
« Nous constatons des pics d’affluence les jours d’escale des navires de croisière », révèle Hina Manutahi, responsable d’un centre de plongée à Punaauia. « Cela nous oblige à repenser notre gestion des groupes pour minimiser l’impact sur la faune marine. »
Les autorités locales ont réagi en mettant en place un système de quotas :
- Maximum de 30 plongeurs par jour sur le site
- Briefings obligatoires sur les bonnes pratiques environnementales
- Rotation des zones de plongée pour permettre la régénération des écosystèmes
Rangiroa : La passe de Tiputa sous surveillance
Dans l’archipel des Tuamotu, Rangiroa fait face à des défis similaires. Malgré une légère baisse de 8% du marché américain, principal pourvoyeur de plongeurs expérimentés, la passe de Tiputa reste très fréquentée.
Teva Manuarii, guide de plongée local, témoigne : « Nous avons dû adapter nos pratiques. Aujourd’hui, nous privilégions des groupes plus petits et des plongées plus espacées pour préserver l’équilibre de la passe. »
Un programme de suivi scientifique a été mis en place pour évaluer l’impact de la plongée sur la biodiversité locale. Les premiers résultats sont encourageants :
Indicateur | 2023 | 2024 | Évolution |
---|---|---|---|
Population de requins gris | 500 | 520 | +4% |
Diversité corallienne | 85 espèces | 87 espèces | +2.3% |
Satisfaction des plongeurs | 85% | 92% | +7% |
Formation et sensibilisation : les clés d’un tourisme durable
Face à l’évolution du secteur, la formation des professionnels locaux s’intensifie. En 2024, le nombre de Polynésiens en formation d’instructeur de plongée a augmenté de 15% par rapport à l’année précédente.
Moana Tuihani, 23 ans, fait partie de cette nouvelle génération : « Notre formation va au-delà des techniques de plongée. Nous apprenons à être de véritables ambassadeurs de notre environnement marin. »
Les centres de plongée misent également sur la sensibilisation des touristes. Tehani Marama, propriétaire d’un club à Moorea, explique : « Chaque plongée commence par un briefing sur l’écosystème local. Nous voulons que nos clients repartent non seulement avec de beaux souvenirs, mais aussi avec une conscience environnementale accrue. »
Perspectives d’avenir
Alors que le secteur du tourisme en Polynésie française montre des signes de reprise, avec une croissance de 1,2% en 2024, l’industrie de la plongée se trouve à un tournant. L’équilibre entre développement économique et préservation de l’environnement reste un défi quotidien.
Moeava Tehotu, directeur du tourisme de Polynésie française, conclut : « Notre objectif est de promouvoir un tourisme de qualité plutôt que de quantité. La plongée est un atout majeur de notre offre touristique, et nous devons la préserver pour les générations futures. »
Avec des initiatives innovantes et une prise de conscience croissante, la Polynésie française pourrait bien devenir un modèle de tourisme de plongée durable, alliant découverte, émerveillement et respect de l’environnement.