L’EPIC Vanille de Tahiti est au cœur d’une controverse suite à un rapport accablant de la Chambre territoriale des comptes. Face à des résultats décevants et une gestion critiquée, la CTC recommande sa fermeture. Le ministre de l’Agriculture envisage une restructuration, tandis que les producteurs s’inquiètent de l’avenir de la filière. Entre enjeux économiques et sociaux, l’avenir de la vanille polynésienne est en jeu.
L’Établissement Public Industriel et Commercial (EPIC) Vanille de Tahiti, créé en 2003 pour relancer la filière vanille en Polynésie française, se trouve aujourd’hui dans une situation critique. Un récent rapport de la Chambre territoriale des comptes (CTC) remet en question son existence même, soulignant des dysfonctionnements majeurs et recommandant sa fermeture.
Un rapport accablant de la Chambre territoriale des comptes
Le 11 février 2025, la CTC a publié un rapport dressant un bilan sévère de la gestion de l’EPIC Vanille de Tahiti. Voici les principaux points soulevés :
- Objectifs non atteints : En 2020, seulement 40 tonnes de vanille ont été produites, loin de l’objectif initial de 100 tonnes.
- Exportations en chute libre : En 2022, seules 12,57 tonnes ont été exportées, contre 194 tonnes en 1963.
- Absence de label : Malgré 20 ans d’existence, aucun label officiel (AOP ou IGP) n’a été obtenu.
- Gestion déficiente : Le rapport pointe des lacunes dans le pilotage, la gestion et le contrôle interne.
- Climat social dégradé : Des tensions internes affectent l’efficacité du personnel.
« La Chambre ne formule qu’une recommandation à savoir la fermeture de l’établissement, laquelle ne porterait nullement préjudice aux professionnels de la filière », indique le rapport de la CTC.
Face à ce constat alarmant, la question de l’avenir de l’EPIC Vanille de Tahiti et, plus largement, de la filière vanille en Polynésie française, se pose avec acuité.
Je comprends. Je vais continuer avec la section suivante de l’article en respectant le plan, les consignes et en indiquant les étapes.
Réactions mitigées des acteurs de la filière
Suite à la publication du rapport de la CTC, les réactions des différents acteurs de la filière vanille sont partagées. Le ministre de l’Agriculture, la directrice de l’EPIC et les producteurs ont chacun leur vision de l’avenir de l’établissement.
Position du ministre de l’Agriculture
Taivini Teai, ministre de l’Agriculture, privilégie l’option d’une restructuration plutôt qu’une fermeture pure et simple. Il a annoncé :
« C’est sûr, ce ne sera plus l’établissement Vanille de Tahiti. Je vois un établissement qui va se consacrer aux plantes à haute valeur ajoutée dont fait partie la vanille. »
Le ministre prévoit une grande consultation avec les acteurs de la filière en mai 2025, en vue de la création d’un nouvel établissement en 2026.
Avis de la directrice de l’EPIC
Laiza Vongey, directrice de l’EPIC depuis 2018, conteste l’analyse faite par la CTC. Elle propose également une restructuration de l’établissement et affirme pouvoir redresser les comptes d’ici 2028.
Réactions des producteurs
Les avis des producteurs sont mitigés :
- Francky Tauatiti, vanilliculteur de Raiatea : « La filière a besoin d’un établissement mais il est urgent que l’EPIC s’améliore. Quelle que soit la solution on y sera favorable. »
- Yvonne Vansou, agricultrice à Tahaa : « Je trouve ça dommage de devoir fermer l’EPIC. Peut-être qu’il faut plutôt apporter des améliorations. »
- Joseph Ufa, vanilliculteur de Raiatea : « Comme c’est rare que je travaille avec l’EVT, je ne vois pas le travail chez moi. C’est moi-même qui fais mon travail. »
Malgré leurs critiques, la plupart des producteurs reconnaissent l’utilité de l’EPIC en termes d’accompagnement juridique et administratif. Ils craignent également pour l’avenir des dispositifs d’aide et des contrôles mis en place pour lutter contre le vol de vanille.
Acteur | Position |
---|---|
Ministre de l’Agriculture | Restructuration |
Directrice de l’EPIC | Restructuration |
Producteurs | Avis partagés, mais favorables à une amélioration |
Les défis persistants de la vanille polynésienne
Malgré les efforts déployés depuis la création de l’EPIC Vanille de Tahiti en 2003, la filière vanille en Polynésie française fait face à des défis majeurs qui persistent depuis plusieurs décennies.
Chute drastique de la production
La production de vanille polynésienne connaît un déclin constant depuis les années 1960 :
- Dans les années 1960 : exportation de 194 tonnes par an
- En 2020 : production de seulement 40 tonnes
- En 2022 : exportation de 12,57 tonnes
Cette baisse significative place aujourd’hui la Polynésie française au 10e rang mondial des producteurs de vanille, loin derrière des pays comme Madagascar, le Mexique et la Chine.
Réduction des surfaces cultivées
La surface dédiée à la culture de la vanille a considérablement diminué :
- 1995 : près de 353 hectares
- 2023 : seulement 67,2 hectares
Absence de label officiel
Malgré 20 ans d’existence, l’EPIC n’a pas réussi à obtenir un label officiel (AOP ou IGP) pour la vanille de Tahiti, ce qui aurait pu renforcer sa position sur le marché mondial.
Concurrence régionale
« Tonga, seul autre producteur de la région, se classe 8e mondial en produisant dix fois plus de vanille brute que la Polynésie française. »
Cette comparaison souligne l’ampleur du défi auquel fait face la filière vanille polynésienne pour rester compétitive, même à l’échelle régionale.
Année | Production/Exportation | Surface cultivée |
---|---|---|
1960s | 194 tonnes exportées | Non disponible |
1995 | Non disponible | 353 hectares |
2020 | 40 tonnes produites | Non disponible |
2022 | 12,57 tonnes exportées | Non disponible |
2023 | Non disponible | 67,2 hectares |
Ces chiffres illustrent l’ampleur du déclin de la filière vanille en Polynésie française et soulignent l’urgence d’une action efficace pour revitaliser ce secteur historiquement important pour l’économie locale.
Enjeux économiques et sociaux
La situation critique de l’EPIC Vanille de Tahiti soulève des questions importantes sur l’avenir économique et social de la filière vanille en Polynésie française.
Impact économique
Malgré son déclin, la vanille reste un produit emblématique de la Polynésie française :
- Elle représente 6% en valeur des exportations du territoire.
- Le prix local atteint 80 000 Fcfp le kilo, reflétant une demande forte malgré une offre limitée.
Cependant, la perte de compétitivité est préoccupante. Tonga, seul autre producteur de la région, se classe 8e mondial en produisant dix fois plus de vanille brute que la Polynésie française.
Enjeux sociaux
La fermeture potentielle de l’EPIC Vanille de Tahiti aurait des répercussions sociales significatives :
- Emplois directs : 40 employés de l’EPIC et leurs familles seraient directement affectés.
- Soutien aux producteurs : De nombreux agriculteurs dépendent de l’accompagnement juridique et administratif fourni par l’EPIC.
- Lutte contre le vol : Les dispositifs de contrôle mis en place pour prévenir le vol de vanille pourraient être compromis.
« Depuis les vols de vanille, ils ont mis en place des règlements. Tu ne peux vendre ta vanille que si tu as une carte agricole. Ils ont également renforcé les contrôles au niveau de la qualité de la vanille. Vérifier toutes les normes, c’était le travail de l’EPIC », explique Joseph Sham Koua, producteur à Raiatea.
Perspectives de développement
La restructuration ou le remplacement de l’EPIC pourrait offrir de nouvelles opportunités :
- Diversification vers d’autres plantes à haute valeur ajoutée.
- Amélioration de l’efficacité des aides et du soutien aux producteurs.
- Renforcement de la position de la vanille polynésienne sur le marché mondial.
Ces enjeux soulignent l’importance cruciale des décisions à venir pour l’avenir de la filière vanille en Polynésie française, tant sur le plan économique que social.
Perspectives d’avenir pour la filière
Face aux défis actuels, plusieurs pistes se dessinent pour l’avenir de la filière vanille en Polynésie française. Les acteurs du secteur et les autorités locales envisagent différentes options pour redynamiser cette industrie emblématique.
Restructuration envisagée
Le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, privilégie une restructuration plutôt qu’une fermeture pure et simple de l’EPIC Vanille de Tahiti. Il propose :
- La création d’un nouvel établissement en 2026
- L’élargissement des missions à d’autres plantes à haute valeur ajoutée
- Une refonte du modèle de gouvernance et de gestion
« C’est sûr, ce ne sera plus l’établissement Vanille de Tahiti. Je vois un établissement qui va se consacrer aux plantes à haute valeur ajoutée dont fait partie la vanille », affirme le ministre Teai.
Consultation des acteurs de la filière
Une grande consultation est prévue en mai 2025 pour définir l’avenir de la filière. Elle réunira :
- Les producteurs de vanille
- Les représentants de l’EPIC
- Les autorités locales
- Les experts du secteur agricole
Cette consultation vise à élaborer un plan d’action concerté et à définir les contours du futur établissement.
Objectifs à moyen terme
Les principaux objectifs pour revitaliser la filière vanille incluent :
Objectif | Moyen |
---|---|
Augmentation de la production | Soutien technique et financier aux producteurs |
Obtention d’un label officiel | Démarches pour l’AOP ou IGP |
Diversification des activités | Inclusion d’autres plantes à haute valeur ajoutée |
Amélioration de la gouvernance | Nouveau modèle de gestion et de contrôle |
Ces perspectives d’avenir soulignent la volonté des autorités et des acteurs de la filière de préserver et de développer ce patrimoine agricole unique de la Polynésie française. Le succès de cette transition dépendra de la capacité à concilier les intérêts de tous les acteurs impliqués et à mettre en place une structure efficace et pérenne.
Un tournant décisif pour la vanille polynésienne
L’avenir de l’EPIC Vanille de Tahiti et, par extension, celui de la filière vanille en Polynésie française, se trouve à un carrefour crucial. Le rapport de la Chambre territoriale des comptes a mis en lumière les défis persistants et les dysfonctionnements de l’établissement, appelant à des changements profonds.
Malgré les critiques, la vanille reste un produit emblématique de la Polynésie française, représentant 6% en valeur des exportations du territoire. Son potentiel économique est indéniable, comme en témoigne le prix local atteignant 80 000 Fcfp le kilo.
Les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de la filière. La consultation prévue en mai 2025 avec les acteurs du secteur sera cruciale pour définir une stratégie cohérente et efficace. Qu’il s’agisse d’une restructuration de l’EPIC ou de la création d’un nouvel établissement en 2026, l’objectif reste le même : revitaliser la production de vanille polynésienne et renforcer sa position sur le marché mondial.
« La filière a besoin d’un établissement mais il est urgent que l’EPIC s’améliore. Quelle que soit la solution on y sera favorable », résume Francky Tauatiti, vanilliculteur de Raiatea.
Le défi pour les autorités et les acteurs de la filière sera de trouver un équilibre entre le soutien institutionnel nécessaire et l’autonomie des producteurs. La préservation des dispositifs d’aide et de contrôle, notamment pour lutter contre le vol de vanille, devra être une priorité dans la transition vers une nouvelle structure.
L’avenir de la vanille de Tahiti dépendra de la capacité des acteurs à tirer les leçons du passé, à innover et à s’adapter aux réalités du marché mondial. La restructuration annoncée pourrait être l’opportunité de donner un nouveau souffle à ce patrimoine agricole unique de la Polynésie française.