Rassemblement sur le thème « Lève-toi pour ta langue » à Papeete

Rassemblement sur le thème « Lève-toi pour ta langue » à Papeete

A l’appel du mouvement récemment créé « A Ti’a Mai No To Oe Reo », qui regroupe l’académie tahitienne, l’académie marquisienne et l’académie paumotu, environ 300 personnes se sont réunies, samedi après-midi, dans les jardins de Paofai, pour montrer leur attachement aux langues polynésiennes.

Au début du mois de juin, l’annonce de la suppression du CAPES de tahitien a suscité un vent de mécontentement, provoquant notamment une grande journée de mobilisation mercredi 15 juin, au cours de laquelle les défenseurs de la langue maohi, menés par Louise Peltzer et Vahi Sylvia Richaud, respectivement présidente et maître de conférences à l’Université de la Polynésie française, avaient défendu leur cause auprès du Haut-Commissaire, Richard Didier.

Samedi, dans les jardins de Paofai, le mouvement « A Ti’a Mai No To Oe Reo » avait de nouveau appelé à la mobilisation afin de tirer la sonnette d’alarme sur ce thème. Ainsi, parmi les personnes ayant pris le micro face au public, lors de ce rassemblement, on signalera en premier lieu les chanceliers des trois Académies (tahitienne, marquisienne et paumotu), respectivement John Doom, Jean Kape et Toti Teikiehuupoko.

Les trois académies avaient en effet uni leurs forces pour mener ce combat, entraînant avec elles des représentants du Service de la culture et du patrimoine, associations culturelles, troupes de danse, confessions religieuses, membres du corps professoral, et autres représentants de la société civile, tous ayant en commun l’amour de leur langue et la volonté de la valoriser ou du moins la préserver.

Vœu de sauvegarde et de valorisation

Si les orateurs ont fait preuve d’une verve certaine, voire d’une certaine virulence, les motivations du collectif « Lève-toi pour ta langue » n’en reposent pas moins sur la notion d’entente. Pour Louise Peltzer, il ne s’agit en rien d’une croisade contre la langue française, au profit de la suprématie du reo maohi, mais simplement d’un vœu de sauvegarde et de valorisation d’une langue, et, au-delà, d’une culture. Elle a rappelé en outre l’urgence de la situation, car les inscriptions au CAPES 2012 seront closes le 12 juillet, si vraiment un CAPES de tahitien est organisé cette année.

Le rassemblement s’est achevé sur un dernier acte fort: la mise en terre d’un jeune uru (arbre à pain). Les trois représentants des académies polynésiennes, accompagnés de ‘Papa Mape’, un spécialiste de l’agriculture traditionnelle, ont en effet planté un « uru puero » dans les jardins de Paofai. Le choix de l’arbre à pain n’était évidemment pas anodin, quand on sait la place qu’il occupe dans la mythologie et la culture en Polynésie.

Une légende raconte en effet que le dieu Taaroa aurait sacrifié son corps pour faire naître le premier arbre à pain, et ainsi nourrir son peuple. Ses mains se seraient transformées en branches, sa tête en fruit nourricier. Il y a même une partie du uru nommée « hune » qui ressemble étonnamment à une langue, dit-on. En bref, une belle métaphore sur la vie et un beau message d’espoir pour l’avenir de la culture et du reo maohi en attendant les décisions de l’Education Nationale, à Paris, pour mettre fin au débat.

L’apprentissage du reo maohi ne concerne qu’une minorité de la population, puisqu’on dénombre seulement quelques 260 étudiants en langue polynésienne, et à peine une cinquantaine de diplômés aujourd’hui. Mais cette lutte n’en n’est pas moins primordiale dans une société où la tradition orale est bien présente, et la langue un vecteur incontestable d’apprentissage et de partage des richesses du fenua.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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