Le 27 novembre 2009, le buste de Pierre Loti, au fond du quartier de Titioro à Papeete, perdait son socle. Déboulonné et jeté dans la rivière, il a heureusement pu être retrouvé depuis. Mardi, au cours d’une cérémonie, non seulement le buste a retrouvé le socle où il trônait depuis 70 ans dans la vallée de Titioro, mais il a eu de surcroit les honneurs d’un documentaire de 52 minutes par Anekdota Production.
»Le documentaire-fiction se nommera Pierre Loti, sur la piste d’un écrivain voyageur », indique Cécile Tessier-Gendreau, chargée de production. Le film s’ouvre par une enquête journalistique à Tahiti autour de la disparition du buste de Pierre Loti.
À travers la voix off d’une jeune journaliste tahitienne, le téléspectateur va explorer la vie de Pierre Loti et plonger dans son oeuvre littéraire. Un voyage dans le temps et l’espace. De Tahiti au Maroc, de la Turquie au Japon, de Rochefort à Paimpol.
»Nous allons redonner vie à certains passages de romans ou de son journal dans des séquences fictionnelles, en vue subjective, voire contemplative, au rythme des mots et des images, en lien étroit avec le récit et les états d’âme de l’écrivain », précisent les deux réalisateurs François Vivier et Didier Roten.
Des sons en écho
Des sons d’ambiance évocateurs viendront en écho. Amplifiés et répétés, ils rendront compte de la nostalgie maladive du marin romancier. Le documentaire promet donc d’évoquer les multiples facettes de l’écrivain voyageur.
Trois débats seront mis en scène dans le documentaire autour des questions suivantes: quelle place peut avoir un écrivain voyageur dans le patrimoine des pays et des peuples qu’il décrit dans son oeuvre ? Loti est-il un écrivain colonial ? Quelle est la part du racisme ou des préjugés de l’époque dans les écrits de Loti ?
»Nous donnerons notamment la parole au philosophe Tzvetan Todorov qui fait de Pierre Loti l’inventeur du SAS d’aujourd’hui stigmatisant l’égoïsme, l’érotisme et le racialisme qui caractérisent ces romans où l’autre n’est pas considéré comme un être humain à part entière, mais comme un objet de désir ou de mépris » affirment les réalisateurs.
La curiosité, l’envie et le plaisir
»Nous voulons mettre en exergue, à travers la vie de Loti, les liens tissés au cours du temps entre l’Océanie, la Turquie et la France notamment autour des collections et des expositions rassemblées et présentées dans différents musées », ajoutent les réalisateurs qui utiliseront le film officiel de l’enterrement de Pierre Loti sur l’Ile d’Oléron.
L’ensemble, avec des images exceptionnelles conservées au FAR (Fonds Audiovisuel de Recherche) à La Rochelle, qui viendront agrémenter cette fiction, a pour but d’attirer l’attention sur »la colonisation et les principes erronés dont elle s’est fait l’écho, et qui continuent à résonner dans l’inconscient collectif de nos sociétés aujourd’hui« .
La vie hors norme de Pierre Loti, c’est aussi l’histoire de mise en valeur d’un commun à toutes les civilisations : la curiosité, l’envie et le plaisir d’aller vers l’autre.