Rai Chaze, dont on connaît le goût pour les nouvelles et l’écriture poétique, se lance dans une nouvelle aventure littéraire avec la publication d’un livre de contes tahitiens. Inspirés de sa connaissance de la culture polynésienne – c’est l’arrière petite fille de la Princesse Moe, de Raiatea – ces contes ont suivi un parcours éditorial et culturel étonnant en passant par le Québec francophone.
L’auteur des nouvelles « Vai la rivière au ciel sans nuages », poétesse à ses heures avec « Prières, murmures, chuchotements », a écrit un ouvrage dans lequel elle s’est engagée dans un nouveau type d’écriture : le conte. Avec ses « Contes tahitiens », Rai Chaze n’a pas puisé dans le fonds des légendes polynésiennes mais s’est inspirée de sa connaissance de la culture polynésienne et de ses racines familiales pour imaginer ses histoires.
Plusieurs facettes de l’imaginaire polynésien
Ainsi, a-t-elle écrit le conte de la Princesse Moe en s’inspirant de la vie de son arrière-grand-mère, princesse de Raiatea (Îles sous-le-Vent) au XIXème siècle. A l’origine oral, le conte est passé de la tradition populaire à la tradition littéraire dans toutes les cultures. « C’est ma grand-mère qui m’a raconté comment vivaient mes ancêtres »,indique Rai Chaze en précisant qu’elle a suivi le même cheminement, dans le cadre de la culture polynésienne.
Alors que plusieurs projets de navigation sur des pirogues doubles traditionnelles sont actuellement en cours, le lecteur lira aussi avec intérêt l’histoire de Hiti, le navigateur. Dans ce conte, Rai Chaze narre l’épopée de retour vers Tahiti d’un clan parti pour Hawaï. La navigation « aux étoiles », la connaissance intime des éléments marins… sont au coeur de ce conte qui, à l’instar de cinq autres, plonge dans une réalité à la fois historique et merveilleuse et permet de découvrir, avec un oeil à la fois neuf et ancien, plusieurs facettes de l’imaginaire polynésien.
Un détour par le Canada
Curieusement, c’est au Canada – et plus précisément au Québec – qu’a commencé cette aventure littéraire et humaine. « C’est un concours de circonstances », précise Rai Chaze en évoquant sa rencontre, en 2008, avec Maurizio Gatti. Pour « Mots de neige, de sable et d’océan », cet universitaire d’Ottawa invitait des écrivains autochtones du Québec, de l’Afrique du Nord, de la Polynésie Française et de la Nouvelle-Calédonie à s’exprimer dans un même ouvrage.
Une trentaine d’auteurs, dont Rai Chaze, y présentaient – dans leur langue et en français – des poèmes, des récits, des romans et des pièces de théâtre… Ce recueil de textes avait pour ambition de contribuer à établir des ponts, à observer les ressemblances et les différences qui existent chez les « peuples premiers » partageant la langue française.
Tous ces auteurs ont eu ensuite la possibilité de se rencontrer à Wendake, au Québec, lors des fêtes du 400ème anniversaire de « la Belle Province ». « Une rencontre avec un écrivain « indien » du Québec m’a ouverte à ce type d’expression qu’est le conte », explique Rai. La suite s’enchaîne naturellement. Un éditeur, Cornac, est « emballé » par son premier récit et l’invite à en écrire d’autres. Il en résultera ce premier ouvrage « Contes Tahitiens », sorti en novembre dernier au Québec et qui arrive aujourd’hui à Tahiti.
Rai Chaze dédicacera ses « Contes Tahitiens », samedi, à la librairie Klima, qui a réceptionné les premiers exemplaires de l’ouvrage, que l’on pourra trouver bientôt dans toutes les librairies de Papeete.