Cyclone « Oli » : Apocalypse à Tubuai !

Cyclone « Oli » : Apocalypse à Tubuai !

L’Eden n’est plus. Le cyclone « Oli », avec une force inouïe, a bombardé Tubuai, cette petite île de l’archipel des Australes de 2 000 âmes, laissant derrière lui, un mort, un homme de 45 ans, et une population abasourdie, en larmes parfois, dans des paysages d’apocalypse. Il n’y a plus d’électricité, plus de routes, plus d’eau, et on estime, pour l’instant, que 200 habitations ont été pulvérisées.

Des femmes pleurent en racontant la nuit qu’elles ont vécu.

« Les rafales ont commencé vers 22h00, mais a 2h00 du matin, c’était insupportable« , raconte une résidente qui poursuit : « Les rafales d’une force incroyable étaient espacées de six secondes. Quand l’oeil du cyclone est passé au-dessus de Tubuai, le calme était impressionnant. Pas une feuille ne bougeait. Une heure quinze plus tard, d’un coup, les rafales ont repris et ce, jusqu’à 5h30 du matin« .

Les enfants, deux touristes, des personnes âgées, des femmes enceintes, se sont réfugiées dans une salle paroissiale au centre de l’île. D’autres dans un collège. Ils ont fui les déferlantes qui ont morcelé, broyé, atomisé les habitations s’enfonçant jusqu’à 250 mètres a l’intérieur des terres.

Le président Sarkozy alerté

Douze heures après le passage du cyclone « Oli » sur Tubuai, une mission du Pays et de l’État s’est rendue, dès vendredi, sur place via Rurutu (autre île des Australes qui a été peu touchée par la furie des éléments).

« Les images que je vois à Tubuai me montrent que la situation est vraiment grave« , a déclaré la ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard qui a bouleversé une fois de plus son programme pour accompagner le président Gaston Tong Sang sur l’île défigurée.

« Je n’ai plus de mot ! Je suis complètement abasourdi par cette situation« , a laissé échapper le président du Pays qui confie que la ministre de l’Outre-mer interviendra auprès du président Sarkozy dès son retour à Paris.

Des renforts humains et matériels

Pour venir en aide aux habitants des Australes, et plus particulièrement à ceux de Tubuai, le Pays et l’État ont d’ores et déjà mobilisé d’importants moyens d’intervention. Un Super Puma, et un Casa se sont posés vendredi soir sur l’île.

Deux bateaux du Pays partiront samedi : le Tahiti Nui I, avec à son bord, 190 agents d’intervention, issus notamment de la Direction de l’équipement, du service d’assistance et de sécurité, de la direction des affaires sociales et du Fonds de développement des archipels (FDA),  ainsi que des vivres de première nécessité. Le Tahiti Nui VIII également se rendra dans l’archipel, avec à son bord, du matériel lourd d’intervention.

En renfort, une équipe médicale d’urgence est en alerte. Elle est composée d’une dizaine de médecins, de cadres du SAMU et d’infirmiers du centre hospitalier de Polynésie française, ainsi que de trois médecins et infirmiers de la Direction de la santé.

« Jamais dans l’histoire de Tubuai, un cyclone n’avait fait autant de dégâts »

À bord du Super Puma et du Casa, se trouvaient des techniciens chargés d’intervenir rapidement sur le réseau électrique. Ils ont été accueillis par le maire Fernand Tahiata et son adjoint Henri Ioane qui leur a expliqué que « jamais dans l’histoire de Tubuai, un cyclone n’avait fait autant de dégâts. Le dernier en date remonte à 1987« .

Les anciens de l’île racontent que jadis, l’île avait été inondée jusqu’au pied des montagnes, mais chacun pense ici qu’il s’agit d’une légende… ou d’un tsunami.

Parer au plus urgent

Terii Alpha, le ministre de l’Équipement est resté à Tubuai pour coordonner les premiers travaux d’urgence. Le Casa et l’avion du Pays reviendront samedi avec des experts pour élaborer des évaluations des travaux.

Samedi également, le vice-président Édouard Fritch se rendra à Tubuai accompagné de fonctionnaires qui seront positionnés sur l’île. Ils auront en charge d’ entreprendre le recensement des habitations détruites.

Il y a tout a refaire

« Je partirai samedi pour Paris avec une première évaluation« , a indiqué la ministre de l’Outre-mer qui se promet d’intervenir pour « aider la Polynésie dans cette épreuve qu’elle traverse« . Vendredi, en se rendant auprès des familles, sa volonté était de montrer aux habitants qu’ils n’étaient pas abandonnés.

« La nuit va arriver et c’est parfois très angoissant« . Elle ajoute « dans certaines circonstances, quelques mots chaleureux peuvent aider à supporter les difficultés« .

De leur côté, les services techniques du Pays qui sont attendus dans les heures prochaines détermineront la chronologie des travaux à réaliser et superviseront les actions.

Le haut-commissaire Adolphe Colrat envisage pour sa part d’installer l’administrateur des îles Australes à Tubuai pour seconder le maire dans la reconstruction des trois districts de Mataura, Taahuaia et Mahu.

Élan de solidarité pour les Australes

Un mouvement de solidarité envers les Australes se met actuellement en place. À cet effet, une journée intitulée « Aroha Ia Tuhaa Pae – Solidarité pour les Australes » sera organisée ces jours prochains à Tahiti.

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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