Gaston Tong Sang : « Le gouvernement avant dimanche »

Gaston Tong Sang : « Le gouvernement avant dimanche »

Le président du Pays, Gaston Tong Sang s’est entretenu jeudi matin avec le haut-commissaire, Adolphe Colrat, avec lequel il a évoqué les relations entre l’Etat et le Pays. L’action de l’État s’inscrit dans la continuité, s’est satisfait Gaston Tong Sang, qui a également fait un point sur l’élaboration de son gouvernement qu’il présentera avant dimanche. Interview.

Tahitipresse : Depuis votre accession à la présidence, vous avez été contacté par Olivier Biancarelli, conseiller pour l’Outre-mer, et la ministre de l’Outre-mer Marie Luce Penchard. Qu’en ressort-t-il ?

Gaston Tong Sang : Ce que j’observe de l’attitude de l’État, c’est une attitude digne. Ce n’est pas parce que j’ai des relations amicales avec le président de la République Nicolas Sarkozy, ce n’est pas parce que nous avons signé ensemble un contrat de projets, que je vais chercher à avoir des faveurs supplémentaires. Je veux d’ailleurs que l’État ne change pas de comportement,  parce que je suis ami avec Nicolas Sarkozy, et que demain matin tout se débloque. Je sais que l’État a des difficultés et le Pays également. (…) Mais par contre je pense qu’il y a des décisions que l’État attend de la part du Pays, et que j’ai l’intention d’accélérer. La concession de l’aéroport de Tahiti-Faa’a à la Setil (…) il nous faut une concession de longue durée. On nous reproche souvent de ne pas avoir de vision, de visibilité sur le long terme. Sur ce dossier-là, nous allons proposer à Paris de construire cet accord sur les bases de ce qui a été dit. Et les engagements de l’État, c’est un élément important. (…)

Bien sûr, contrairement à ceux qui m’ont critiqué en disant que Gaston Tong Sang va demander à l’État de renflouer les caisses du Pays en demandant à l’État de mettre de l’argent du grand emprunt dans le budget du Pays, c’est complètement faux. Je demande simplement à l’État d’investir dans ses propres équipements, dans ses propres infrastructures. Que l’argent soit investi dans les équipement de l’État en Polynésie, c’est de l’argent en plus dans l’économie de la Polynésie française ! Il n’est pas nécessaire que l’argent transite par le budget du Pays. Mais il me faut préparer rapidement le budget 2010. Là aussi, on a de bonnes discussions et de bonnes perspectives nous permettant de présenter un budget équilibré à l’assemblée de la Polynésie française sans trop augmenter la pression fiscale.

Tahitipresse : Pour préparer ce budget, il faut un gouvernement. Où en êtes-vous dans les négociations pour former votre gouvernement ?

Gaston Tong Sang: Je pense que la discussion avance, très bien même. J’ai dit que le temps presse, il faut effectivement installer le gouvernement très rapidement, avant dimanche en tous cas.

Tahitipresse: Où en êtes-vous de la répartition des portefeuilles ministériels ?

Gaston Tong Sang : C’est donc 5 ministères pour To Tatou Ai’a, 4 pour le Tahoeraa huiraatira avec la vice-présidence, et 3 pour Te Mana o te mau Motu. Et j’ai demandé à chaque groupe de me proposer des noms de la société civile. Il y en aura au minimum trois sur les douze. Ce n’est pas rien. C’est une façon pour nous de dire que les travaux qui ont été proposés au titre des États généraux vont servir à quelque chose. Il vaut mieux être acteur de ses idées que de simplement les proposer.

Tahitipresse : Édouard Fritch est toujours pressenti pour la vice-présidence ?

Gaston Tong Sang : Attendons les arrêtés officiels de nomination.

Tahitipresse : Vous diminuez le nombre de ministères donc il faut bien remanier les portefeuilles et les attributions.  Où en êtes-vous ?

Gaston Tong Sang : Forcément, il va falloir regrouper les attributions et j’ai déjà terminé ce travail permettant de dégager, à travers la lecture des attributions qu’auront les ministres, les véritables priorités du Pays. Par exemple, on a souvent reproché à l’Equipement, à tout ce qui touche à la construction de ne pas régler le problème foncier avant. Et une fois que le problème foncier est réglé, on attend le permis. Et une fois que le permis est acquis, on attend plus qu’à démarrer. Je mettrai donc toutes ces attributions entre les mains d’un seul ministre. (…) Et on a souvent reproché au Pays de na pas mettre assez de note culturelle dans notre tourisme (…)

Je mettrai la Culture, au côté du Tourisme et également de l’Artisanat. Le Transport sera associé au Développement des Archipels. On ne peut pas voyager dans les îles sans  avoir réglé ce problème de transport. Et je ferai un schéma directeur avant d’accorder les licences. C’est normal. Le ministre du Développement des Archipels sera également responsable de la politique du Transport terrestre, maritime et aérien. Un autre secteur auquel je souhaite donner sa prééminence, c’est l’économie. Parce que les Finances c’est important mais une bonne économie, c’est encore mieux.

Le Pays a besoin d’avoir quelqu’un à ce poste qui anticipe et qui donne envie d’investir dans notre Pays, que ce soit les petites moyennes et grosses entreprises. Il aura également la charge de développer le domaine des énergies renouvelables dans notre Pays, et tout ce qui touche au numérique. Un poste qui va beaucoup changer, c’est l’Environnement. Jusqu’à présent, j’ai l’impression que tout ce qu’on a investi dans l’environnement, l’éducation à la propreté… il n’y a pas de résultat. On continue de dire que nos îles sont sales, en particulier celle de Bora Bora. C’est quand même gênant. J’ai compris que l’on s’est trompé de démarche parce qu’on a toujours dissocié l’Homme et l’environnement. (…) Tout ce qu’on fait pour préserver notre environnement, pour ne pas  empoisonner cette terre qui nous nourrit, c’est parce qu’on veut avoir une bonne santé. Donc je mettrai l’Environnement avec la Santé. C’est une démarche différente qui a fonctionné aux Iles Cook.

Tahitipresse : Quels sont les minsitres To Tatou Ai’a que vous souhaiteriez voir au gouvernement ?

Gaston Tong Sang : Chaque chose en son temps. Bon, vous voyez, il y a plein de compétences.

Tahitipresse : Une réaction quand même quant à la libération de Gaston Flosse, qu’est-ce qu’elle vous inspire ?

Gaston Tong Sang : Je n’ai pas l’habitude d’interférer dans les décisions de justice. Il faut ,je pense, surtout de la sérénité.  Je l’ai dit à plusieurs occasions, il faut avant tout respecter et la justice et  les personnes qui sont concernées par ces affaires.

Tahitipresse : Son nom vous a-t-il été proposé pour un poste de ministre ?

Gaston Tong Sang : Les discussions continuent.

Tahitipresse : Mais quelle place pourrait-il occuper au sein de la nouvelle équipe gouvernementale?

Gaston Tong Sang : Vous savez, il a sûrement d’autres problèmes à gérer aujourd’hui très difficiles, très complexes. Il faut le laisser tranquille surtout.

Tahitipresse : Vous comptez le rencontrer ?

Gaston Tong Sang : Je ne sais pas si on peut. Je ne connais pas la décision de justice, et c’est pour ça que je ne veux pas me prononcer sur quoi que soit.

Communiqué de la présidence relatif à la rencontre entre Gaston Tong Sang et le haut-commissaire Adolphe Colrat

À propos de l'auteur :

Hina
Hina Teariki

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

Hina Teariki est une journaliste polynésienne de 38 ans, née et élevée à Papeete. Diplômée en journalisme de l'Université de la Polynésie française, elle a commencé sa carrière en 2008 comme pigiste pour divers journaux locaux avant de rejoindre Tahiti Presse en 2010. Passionnée par la culture et l'environnement polynésiens, Hina s'est spécialisée dans les reportages sur le développement durable, le changement climatique et la préservation des traditions locales. Elle est connue pour son style d'écriture engagé et ses enquêtes approfondies sur les enjeux sociaux et écologiques du fenua.

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