Après Bora Bora et Moorea, l’élection de Miss Vahine-Tane se déplace sur Tahiti. Elles (ou ils, au choix) sont douze à convoiter le titre et le diadème. L’évènement se tiendra le 4 septembre au soir à l’hôtel Hilton Tahiti. « C’est l’équivalent de Miss Tahiti pour les travestis » affirme Jean-Claude l’organisateur qui, depuis treize ans, orchestre cette manifestation.
Avera de Tahiti, Poe de Bora Bora, Samantha de Moorea, Galatea, elles sont douze à s’être inscrites à cette élection de beauté réservée aux travestis polynésiens et qui aura lieu au cours d’une soirée spectacle avec danses, sketchs et chansons ainsi qu’avec le concours d’artistes parmi lesquels, Alona, la chanteuse des Philippines actuellement sur le territoire et le groupe de danse Nohoarii.
Pas moins de quatre passages départageront les douze candidates. Le premier défilé aura lieu en tenue végétale, le deuxième en tenue traditionnelle, le troisième passage en maillot de plage, et le dernier en robe de soirée
Les hommes douceur
Si le journaliste Hubert Prolongeau les appelle « les hommes douceur », en Polynésie française, on les appelle « raerae ou mahu ». L’historien Bengt Danielson affirme qu’ils font partie d’une tradition ancestrale et qu’ils occupent une place à part dans la société polynésienne. A Tahiti, il est coutume de dire que les travestis polynésiens sont acceptés, ce que démentent les candidats à cette élection de beauté.
« Il y a énormément de Polynésiens qui se moquent de nous. Qui nous agressent, nous insultent et parfois nous cognent ! » témoigne Yvannah, 24 ans, habituée du monde de la nuit. Candidate nº 10, Yvannah mesure 1,80 m « une taille de mannequin, n’est-ce pas ? » dit-elle dans un rire de géant. Elle avoue partager un appartement avec trois autres travestis à Papeete « entre le Piano Bar (ndlr: la boîte de nuit des travestis) et le Mana Rock Café ». « C’est dur, la crise dont tout le monde parle a aussi touché la clientèle de mon salon de massage »
À ses côtés Samantha, 26 ans, originaire de l’île de Moorea, met en avant son titre de Miss Piano Bar 2006. « Personne ne m’a jamais égalé ! » lance-t-elle tout en roulant des yeux aux cils de biche. Elle avoue qu’à douze ans, elle a commencé à s’habiller en femme. « J’ai ressenti ça en moi. J’étais efféminé. Si ça n’a pas surpris mes frères et ma mère, en revanche, mon père n’a pas apprécié » raconte Samantha qui confesse « avant j’étais prostituée, mais plus maintenant. Je suis serveuse dans un bar ».
La féminité masculine s’affiche
Personne ne sait exactement combien de travestis vivent à Tahiti où le mot de « raerae » est synonyme de prostitution. Ce qui est certain c’est que les premiers navigateurs européens qui ont relâché à Tahiti et dans les îles, notent la présence d’hommes efféminés, des garçons différents. Aujourd’hui, ils s’affichent et se préparent pour la nuit du 4 septembre qui se promet d’être « hot ».